Rencontrer Chris et Laurence est l’occasion de croiser deux personnes enthousiastes et passionnantes. Un entretien réalisé à l’occasion de la parution prochaine de deux de leurs ouvrages cette année : l’un « Des objets dans l’histoire » fin mars, l’autre sur la préhistoire plus tardivement.
De gauche à droite, Laurence Paix-Rusterholtz et Chris Lavaquerie-Klein.
Après une formation supérieure en communication, Chris Lavaquerie-Klein se spécialise dans la communication culturelle. Elle a été responsable de la communication du Musée en Herbe et de la Halle Saint Pierre. Après une formation en histoire de l’art et en sciences de l’éducation, Laurence Paix-Rusterholtza été responsable du service « jeune public » de la Halle St Pierre. Elles ont choisi de se consacrer en duo à l’écriture d’ouvrages destinés à la jeunesse, et parallèlement pilotent l’Ibis et l’allégorie, l’agence d’action culturelle qu’elles ont créée.
D’autres interviews
Présentation de tous leurs ouvrages
Humanit’elles : Pouvez-vous me préciser l’origine de « Des objets dans l’Histoire » ?
Nous voulions proposer une approche ludique et novatrice pour découvrir les grands événements historiques. Nous avons donné la parole à des objets emblématiques d’une époque, d’un personnage ou d’un changement de société et qui sont devenus les symboles de la grande Histoire. C’est une façon de sortir des sentiers battus qui nous donne l’occasion une nouvelle fois d’appliquer nos crédos, à savoir transmission et accessibilité.
La médiation par l’objet est aussi au cœur d’un projet que nous aimerions voir édité, un guide « Les clés de l’art » destiné aux familles, dont le but est de décomplexer le lectorat. Nous voulons donner des codes simples de compréhension d’œuvres d’art sur le thème des grandes figures mythologiques, des saints ou encore des natures mortes. L’objectif est d’entrer par l’objet dans ces thématiques.
Humanit’elles : Le contenu des Objets dans l’Histoire ?
Quinze objets ont été passés au crible : de la couronne de laurier de Jules César au masque porté pendant la période Covid, en passant par la tapisserie de Bayeux, le couteau de Ravaillac, l’ordonnance de Villers-Cotterêts, les insignes de la royauté, l’encyclopédie Diderot, l’urne électorale, les fers de cheville des esclaves, le bonnet phrygien, le wagon de l’armistice de 14-18, le pavé de mai 68, la pilule, l’euro et l’éolienne. Nous commençons par faire le récit de l’événement et déclinons ensuite différents thèmes et anecdotes autour de l’objet vedette.
Ce livre illustré par Walter Glassof va sortir chez Actes Sud jeunesse.La responsable éditoriale Isabelle Péhourticq et l’illustrateur ont pris le parti de mettre en avant avec humour un personnage lié à l’objet et l’événement, un choix cohérent. Nous avons également publié dans cette maison d’édition deux ouvrages « Objectif musée du quai Branly » et « Objectif Muséum », des guides de visite en famille.
Humanit’elles : Son écriture ?
Écrire « Des objets dans l’Histoire » nous a donné l’opportunité de s’immerger dans des périodes historiques très variées. Le travail en amont de l’écriture est colossal : consultation de sites internet de musées, de catalogues d’expositions, de livres de références rédigés par des conservateurs, des historiens d’art, beaucoup d’écoute d’archives de l’INA, d’émissions consacrées par exemple à l’écologie, à la contraception. Nos ouvrages sont destinés au jeune public, le travail de synthèse s’avère donc essentiel et nécessite beaucoup de rigueur et la recherche d’un vocabulaire adapté.
Humanit’elles : Le travail en duo ?
Nous travaillons ensemble le scénario, le synopsis. Nous écrivons en duo le projet à présenter à l’éditeur. Pour « Des objets dans l’Histoire » nous nous sommes réparties les objets en fonction de nos centres d’intérêt, mais pas seulement. Nous veillons avec beaucoup de soins à ce que la répartition soit équitable ;-). Nous avons un grand plaisir à écrire chacune en solo, et autant à mettre en commun nos textes. Au moment de la relecture, nous veillons au style dans un souci d’homogénéité.
Toutes ces étapes sont extrêmement satisfaisantes.
Humanit’elles : Des objets dans l’Histoire, vous passez à la préhistoire, quel éclectisme !
Oui (Sourires), et cela se vérifie depuis 37 titres !
Écrire pour un jeune public sur la préhistoire est loin d’être simple. La préhistoire n’est pas une matière figée et les scientifiques débattent toujours sur certains points. Il reste encore des questions laissées sans réponse, or les enfants ont besoin de s’appuyer sur des faits clairs et « carrés ». Nous sommes habituées à faire un travail de synthèse mais dans le cas de ce livre, le défi était conséquent. Là aussi, la recherche d’informations a été importante : le musée de l’Homme, le Muséum d’histoire naturelle, l’INRAP, des conférences en ligne, des ouvrages de référence.
Humanit’elles : Comment avez-vous abordé la période préhistorique ?
Nous l’abordons en partie sous forme de questions, nous suivons la trame définie dans tous les ouvrages de la collection « l’art en famille » de Larousse. Vingt questions autour de sujets généraux : qu’est-ce que la préhistoire, qu’est-ce qu’un fossile ? Pourquoi dit-on que l’Afrique est le berceau de l’humanité ? Qui est Toumaï ? Femmes et hommes, qui fait quoi ? À quoi la vie des enfants ressemblait-elle ? Comment ça se passe sur un chantier de fouilles ? Puis vingt autres traitées sous forme de zooms : la migration, la sédentarisation, les grottes, Lascaux, Cosquer, Chauvet, Las Manos etc. Contrairement à « Les objets dans l’Histoire », il n’y a pas un illustrateur dédié, le livre sera illustré de photos.
Humanit’elles : Des contraintes de réalisation ?
La conception de chaque ouvrage nous demande entre quatre et six mois de travail. Nous devons nous adapter au ton de l’éditeur tout en gardant notre personnalité. C’est un savoir-faire que nous avons acquis au fur et à mesure des années. La possibilité de réutiliser les sources et la masse d’informations collectée peut se présenter dans le cadre d’une collection comme celle sur les mythologies du monde que nous avons créée chez Bayard. Mais ce n’est pas souvent le cas. Par exemple « La véritable histoire de Magda, témoin de la chute du mur de Berlin » nous a demandé beaucoup de recherches afférentes à la guerre froide. Il n’est pas du tout certain qu’elles nous seront utiles pour la rédaction d’un autre livre. C’est également vrai pour « La véritable histoire de Aubin à la cour du roi François Ier » qui a nécessité de réunir toute une documentation sur le château de Chambord. Ce sont des « one shot ».
Nous avons aussi des contraintes de gestion du temps, en effet nous avons en parallèle à diriger notre agence de médiation culturelle, l’Ibis et l’allégorie qui fête ses 25 ans cette année.
Humanit’elles : Un petit break envisagé ?
Ah mais non ! Parallèlement à la relecture de l’ouvrage sur la préhistoire, nous préparons un livre dont la parution est prévue à l’automne 2024 sur la mythologie japonaise (les mythes, le folklore) en lien avec les mangas. Il sera conçu sur le même principe qu’« Un dieu sur deux est une déesse » car il sera édité par Nathan.
Nous avons également un autre projet en cours : aborder le thème des peintres et de la vieillesse. Quel regard les peintres portent-ils sur la personne âgée ?
Enfin, nous attendons la confirmation de deux autres projets en cours d’étude chez les éditeurs sollicités.
Humanit’elles : Prochains rendez-vous ?
À ce jour, nous sommes invitées au salon du livre de Villiers-sous-Grez, près de Fontainebleau le 21 avril, et au salon du roman historique à Levallois-Perret les 6 et 7 juillet.
Humanit’elles : Merci pour cet entretien et bonne chance pour tous vos projets !
D’autres interviews
5 QUESTIONS À… Laurence et Chris, autrices historiques
Propos recueillis par Carmelita del Sol
Les Cent plumes, 27 décembre 2023
Un dieu sur deux est une déesse
Sylvia Duverger
Mediapart, Billet de blog, 1er juillet 2023
Féminisme : rencontre avec les auteures Christiane Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz
franceinfo, 19 avril 2022
Présentation de tous leurs ouvrages :
Laisser un commentaire