Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024

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| Cette exposition dédiée à Anna Boch (Saint-Vaast, Belgique, 1848 – Ixelles, Belgique, 1936) dresse le portrait d’une artiste, mélomane, collectionneuse, mécène, voyageuse et passionnée d’architecture, qui a pu mener une vie très indépendante grâce à ses origines sociales et à la bienveillance familiale. Seule femme à avoir adhéré aux cercles artistiques belges Les XX (le Groupe des Vingt) et La Libre Esthétique, elle s’y est positionnée d’égale à égale avec ses confrères, a acquis des tableaux de l’avant-garde (Gauguin, Van Gogh, Signac, Seurat…) et s’est lancé dans l’aventure du néo-impressionnisme. Ses tableaux lumineux illustrent sa recherche du trait et de la couleur. Quant à sa passion de la nature, elle l’a emmenée dans des coins reculés pour capter la beauté des paysages. Amoureuse de la mer, elle a saisi la lumière et les reflets des côtes, notamment bretonnes, pour les transposer dans des compositions audacieuses. Anna Boch prend résolument toute sa place dans le post-impressionnisme de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024) |
- Anna Boch en quelques dates
- Anna Boch. Les débuts
- Anna Boch et les XX
- Anna Boch et le néo-impressionnisme
- Anna Boch. La voyageuse
- Anna et Eugène Boch en Bretagne
- Les lieux de vie d’Anna Boch
- Anna et Eugène Boch, une fratrie collectionneuse
- Anna Boch. Vie et lumière
- Anna Boch. Une jeunesse sans fin
- En savoir plus
Anna Boch en quelques dates
1848. Rosalie Anna Boch naît le 10 février à Saint-Vaast (La Louvière) en Belgique où son père Victor Boch, originaire du Grand-Duché de Luxembourg, a créé en 1844 une manufacture de céramique. De ses six frères et sœurs, Anna Boch est proche d’Eugène (1855-1941), également peintre. La famille vit dans un château au style éclectique, La Closière, commandé à l’architecte Joseph Poelaert. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)



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1865. La famille prend un pied à terre à Bruxelles pour fréquenter la société et les lieux de culture, et parfaire l’éducation d’Anna Boch initiée depuis son plus jeune âge à l’art, la musique et la littérature. Elle voyage aussi beaucoup avec ses proches, comme en attestent ses carnets de croquis. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Chez Anna Boch, à Bruxelles, « Caligula » dirigé par Vincent d’Indy, en présence de Gabriel Fauré et d’Octave Maus © humanitelles
1876-1884. Comme les femmes n’ont pas accès à l’enseignement académique, Anna Boch décide de suivre des cours avec Isidore Verheyden. Ils développent un véritable compagnonnage artistique et explorent de nombreuses régions pour peindre en plein air. Grâce à son soutien, elle expose en 1884 au Cercle artistique et littéraire et au Salon triennal de Bruxelles. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Anna Boch vers 1880 © humanitelles
1885. Depuis longtemps, Octave Maus, cousin d’Anna Boch et animateur des associations d’art Les XX puis La Libre Esthétique, la tient informée de l’actualité, tout comme son frère Eugène installé à Paris. Les membres des XX élisent Anna Boch et Félicien Rops. Elle en sera la seule femme adhérente. Cette même année, elle acquiert une résidence de villégiature sur la côte belge. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

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1886. Lors des expositions des XX, Anna Boch achète des œuvres qui forment le noyau dur de sa collection, dont La Musique russe de James Ensor et Conversation en Bretagne de Paul Gauguin en 1889. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)


La musique russe, James Ensor, 1881
Conversation dans les prés. Pont-Aven, Paul Gauguin, 1888
© Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
1887. Georges Seurat est invité au XX. Son œuvre, véritable manifeste pointilliste suscite un vif intérêt. Anna Boch fait ainsi évoluer sa palette vers une touche plus lumineuse, en « virgule ». En 1892, elle s’offre le tableau Bords de Seine à l’Île de la Grande Jatte de Seurat. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

La Seine à la Grande-Jatte, Georges Seurat, 1888 © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
1890. Vincent van Gogh, ami d’Eugène Boch dont il réalise un célèbre portrait, est invité aux XX. A cette occasion, Anna Boch achète la Vigne rouge à Montmajour et l’année suivante, Plaine de la Crau avec pêchers en fleurs. En 1892, elle commande à Émile Bernard, également ami de son frère, un paravent sur le thème des quatre vents. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Portrait d’Eugène Boch, également appelé le Peintre aux étoiles, Vincent van Gogh, 1888 © humanitelles

La Vigne rouge, Vincent van Gogh, 1888 © Musées des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou

La Crau aux pêchers en fleurs, Vincent van Gogh, 1889 ©The Courtauld
1895. Anna Boch s’installe 73 avenue de la Toison d’Or à Saint-Gilles (Bruxelles). L’architecte Victor Horta rénove le bâtiment en style Art nouveau. Au salon de la Libre Esthétique qui a succédé aux XX, le gouvernement belge achète le tableau En juin. C’est son premier achat officiel. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Falaise à Sannary d’Anna Boch et Torse de jeune fille de Marnix d’Haveloose dans la cage d’escalier de la Villa Anna à Ixelles, réaménagée avec les éléments Art nouveau de Victor Horta, sd [après 1924] © humanitelles
1902. Au salon de La Libre Esthétique, Anna Boch vend Côte de Bretagne. La falaise qui rejoint les collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Anna Boch sans doute dans son jardin de la rue de l’Abbaye à Ixelles, 1920
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Plan pour la maison Anna Boch, coin de la rue de l’Abbaye et de la chaussée de Vleurgat, Ixelles. Architecte Paul Hermanus © humanitelles
1903. Anna Boch emménage dans une nouvelle construction de Paul Hermanus à Ixelles (Bruxelles) où elle fait installer un orgue pour sa salle de concert privée. Malgré les conseils de son entourage, elle renonce à faire décorer le hall par Maurice Denis, son projet comportant trop d’allégories antiques. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Maison Anna Boch, coin de la rue de l’Abbaye et de la chaussée de Vleurgat, Ixelles. Architecte Paul Hermanus © humanitelles
1907. Pour se déplacer plus facilement, Anna Boch achète une voiture, une Minerva. La même année, elle vend ses deux tableaux de Vincent van Gogh et achète une œuvre de Paul Signac : Saint-Tropez. La calanque. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

La calanque, Paul Signac, 1906© Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
1911. A la recherche de nature, Anna Boch fait bâtir par René Lamury à Ohain, dans la campagne près de Bruxelles, un cottage simple et « mignon » – selon ses propres dires – entouré d’un jardin de paysan » conçu par Jules Janlet. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
1927. Lieu de concerts, la maison de la rue de l’Abbaye sert aussi d’espace d’exposition. Anna Boch y expose avec le peintre et céramiste Charles Catteau. La même année, elle fait don de La Musique russe de James Ensor aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
1936. Anna Boch meurt le 23 février à 88 ans. Son testament stipule que les œuvres de Seurat, Signac, Gauguin, Marnix d’Haveloose et Juliette Samuel-Blum doivent intégrer les collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles tandis que des fonds caritatifs sont prévus pour soutenir des écoles, des artistes et des musiciens. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Anna Boch et Ida Van Haelewijn sa filleule, à Blankenberge en juin 1932 © humanitelles

Anna Boch devant le tableau Le Bénédicité de Charles de Groux, vers 1930 © humanitelles
Anna Boch. Les débuts
Anna Boch grandit en Belgique dans un milieu privilégié (son père est le fondateur de la société de faïencerie Boch frères), ouvert à la musique et aux arts. Elle voyage fréquemment en famille dont chaque membre, muni d’un carnet à croquis, capte avec un succès variable les souvenirs de leurs excursions. Durant les années 1870, elle suit divers cours de peinture donnés aux femmes, qui n’ont à l’époque pas accès à l’Académie ; elle bénéficie ainsi de l’assistance d’Euphrosine Beernaert. Les deux peintres ont en commune de ne pas hésiter à prendre contact avec des artistes dont le travail les interpelle et de tisser des liens avec ces créateurs, ce qui les distancie de la traditionnelle relation de maître à élève. A ses débuts, Anna Boch s’intéresse à la tendance la plus innovante de sa génération, incarnée alors par le pleinarisme. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
| Née dans le Hainaut, deuxième enfant du couple Victor Boch et Anne-Marie Lucie, famille originaire du Grand-duché de Luxembourg puis d’Allemagne, le père d’Anna est l’un des fondateurs de cette fameuse faïencerie Royal Boch – Keramis et membre de la société Villeroy et Boch. Anna Boch est donc issue du milieu de la grande bourgeoisie, un milieu où l’on initie les filles aux pratiques artistiques. Les filles et les garçons précise Virginie Devillez, commissaire de l’exposition. C’est assez courant dans les grandes familles belges françaises de pratiquer la musique et l’art de la peinture ensemble, en voyageant. C’est très fréquent d’avoir des carnets, de se portraiturer ensemble, de croquer un morceau de paysage que l’on a vu, et la musique fait aussi partie de cet apprentissage. Anna Boch aurait pu devenir une très grande musicienne, mais elle a décidé de se lancer dans la peinture. Elle va prendre des cours auprès de différents artistes, comme Isidore Verheyden qui est né à Anvers et s’est installé à Bruxelles. C’est un membre des XX. Quand elle évoque l’influence de ce peintre sur le travail d’Anna Boch, Virginie Devillez dit que l’on peut parler d’influence au début, puis rapidement de complicité. Pourquoi ces cours avec ce peintre ? C’est parce que les femmes en Belgique et en France n’ont pas accès à l’enseignement professionnel, et ne peuvent pas aller à l’Académie des beaux-arts. Il leur faudra attendre la fin du XIXème siècle. Et c’est donc très difficile pour une femme qui veut devenir artiste d’avoir les mêmes bases qu’un homme. Les hommes peuvent avoir accès aux cours avec modèles, pratiquer le nu aussi. Il n’est guère convenable qu’une femme puisse dessiner des hommes ou des femmes nu.e.s. Par ailleurs, à l’époque, une femme ne peut bouger sans chaperon. Anna Boch rencontre Verheyden très tôt, au milieu des années 1870, et c’est clair qu’elle est son élève, il va la prendre sous son aile. Mais très vite Anna Boch va dépasser cette relation maître-élève, car elle est dotée d’une très forte personnalité. Ils vont devenir amis et voyageront fréquemment ensemble. Elle va souvent le rejoindre, ainsi que son épouse et ses enfants, sur la Côte et on les voit vraiment peindre pratiquement les mêmes sujets. C’est vraiment une très grande relation d’amitié qui s’est créée. Notons que l’on a autant de portraits de d’Isidore Verheyden par Anna Boch que de portraits d’Anna Boch par Verheyden. Ce dernier permet à Anna Boch de dépasser le cliché de la femme artiste qui ne peut pas aller à l’Académie au XIXème, c’est à dire où la femme doit être à l’intérieur, doit peindre des bouquets de fleurs et des natures mortes. Une femme ne peut pas aller comme Toulouse-Lautrec dans un café pour croquer la vie sociale. Grâce à Isidore Verheyden, elle va découvrir le pleinarisme, c’est à dire l’équivalent en Belgique de ce que l’on appelle l’école de Barbizon. Ces peintres qui sont les ancêtres de l’impressionnisme, les premiers qui arrêtent de faire de la peinture d’atelier, des grandes scènes historiques que faisaient les peintres pompiers. Elle peint la nature telle qu’elle la voit, et si sa palette est plutôt dans les tons gris au début des années 1880 quand elle est en contact avec Verheyden, elle va évoluer grâce à d’autres relations avec d’autres peintres et aussi grâce à sa collection. Pour clore le sujet des cours donnés aux femmes, en France il y a l’Académie Julian. Dans les années 20/30, Fernand Léger leur dispensera aussi des cours. Et il est vrai qu’il existe un réseau de femmes qui connaissent les adresses où elles pourront trouver les artistes hommes leur donnant les cours. Mais soulignons, et ce n’est pas qu’avec Verheyden, quelles devaient payer un certain prix pour ces cours. Donc seules les femmes d’un certain niveau social avaient accès à cet enseignement parallèle. (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |

Femme rentrant de la pêche, 1891 (Faïence peinte en camaïeu bleu)
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En 1841, les frères Eugène et Victor Boch, le père d’Anna, fondent la société de faïencerie Boch, dans une zone industrielle qui deviendra la ville de La Louvière (Province de Hainaut, Belgique). Dès 1870, la manufacture compte différents ateliers d’art pratiquant la peinture sur plaques, plats et assiettes. A cette période, Anna Boch réalise des œuvres sur faïence et fréquente sans doute les responsables de ces ateliers, en particulier des femmes qui renouvellent cette discipline des arts décoratifs. Dans les années 1890, Anna Boch a probablement aussi contribué à l’apparition de la céramique aux salons des XX et à la venue à La Louvière de son ami, le peintre Willy Finch, qui a ainsi marqué son entrée en céramique. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
Marché de Moret, 1887 © humanitelles
Anna Boch fit plusieurs séances de peinture en plein air à Middelkerke, sur la mer du Nord, au début des années 1880 avec son complice Isidore Verheyden. Selon Anna Boch, il lui apprend à observer la relation entre les tons et à peindre avec vivacité et légèreté. L’œuvre de Verheyden se caractérise toutefois par des tons plus sourds et gris. Anna Boch s’inspire par ailleurs des œuvres des autres artistes participant aux XX. Ainsi, la foule urbaine et terne du Marché de Moret est comparable à un grand tableau du jeune « vingtiste » Jan Toorop qu’elle achète en 1885. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)




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Isidore Verheyden, La Dame à l’ombrelle, vers 1886-1887
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Après des cours peu inspirants avec Pierre-Louis Kühnen, un peintre de paysages romantiques de ruines, et les pratiques picturales conventionnelles qu’elle apprend d’Euphrosine Beernaert, elle-même élève de Kühnen, peindre avec Isidore Verheyden est une révélation pour Anna Boch. Enthousiasmée par son pleinarisme, elle décrit dans plusieurs lettres les leçons importantes qu’il lui donne à partir de 1876. Les deux artistes peignent ensemble des natures mortes dans l’atelier, se portraiturent réciproquement et voyagent aux Pays-Bas avec la femme de Verheyden dans la palette de gris des œuvres d’Anna Boch de l’époque. Son adhésion au XX en 1885, un an après Verheyden, lui permet de nouer des contacts avec d’autres artistes et de découvrir leurs œuvres. Néanmoins, elle chérira irrévocablement les douze œuvres de Verheyden de sa collection. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
Femme écrivant, 1888
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En 1886, Anna Boch acquiert le tableau La Musique russe (1881) de James Ensor, qui représente sa sœur et son ami le peintre Willy Finch. La toile semble dialoguer avec Femme écrivant (1888) d’Anna Boch, tant par l’atmosphère intime que par les tons de la palette. Malgré les désagréments que cela entraîne, Anna Boch prête volontiers La Musique russe à des expositions belges et internationales, dont la Biennale de Venise en 1914. Ensor ne manquera jamais de l’en remercier chaleureusement. En 1927, Anna Boch fait don du tableau aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Anna Boch et les XX
En 1874, Anna Boch décide de fréquenter l’atelier d’Isidore Verheyden qui travaille en plein air. Elle délaisse alors la nature morte et les scènes d’intérieur pour se tourner vers les paysages et les fleurs, des thèmes qu’elle privilégie toute sa vie. En 1885, elle rejoint le groupe des XX, un cercle artistique indépendant, désireux de promouvoir l’art moderne, fondé avec son cousin Octave Maus. Elle est la seule femme à en être et évolue désormais grâce aux contacts établis avec James Ensor, Jan Toorop, Dario de Regoyos, Guillaume Van Strydonck… La critique reconnaît enfin son talent et apprécie ses toiles pour la solidité de leur composition et l’harmonie de leurs couleurs, même si elle souligne qu’il s’en dégage « un talent masculin ». Anna Boch adopte une attitude qui la met à égalité avec ses confrères des XX et fait fi de ces commentaires afin de poursuivre son chemin d’artiste. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
| Un autre personnage qui nous accompagne tout au long du parcours d’Anna Boch, c’est Octave Maus, son cousin. C’est un avocat mais c’est surtout un grand amateur d’art qui joue un rôle très important dans l’histoire de l’art en Belgique. Il est critique d’art au sein de la revue « L’Art moderne », revue majeure à l’époque. Et c’est lui qui va fonder le Cercle des XX avec quelques artistes amis qui ont envie de faire comme il dit : « un art fier et indépendant ». Il est plus jeune qu’Anna Boch. Lire la correspondance d’Octave Maus avec Anna Boch, mais surtout avec Eugène le frère d’Anna, est extrêmement intéressant car on assiste à l’évolution d’une correspondance entre des enfants de huit ou neuf ans qui parlent de leurs collections de timbres, puis, petit à petit, des premières expositions qu’ils vont voir, et ces réflexions permettent de constater qu’à l’époque ils font partie d’un réseau très intense. Ils appartiennent au milieu de la grande bourgeoisie marquée à gauche, même si elle est plutôt libérale sous bien des aspects, car ils ont non seulement un capital culturel mais aussi financier, et on voit vraiment qu’il y a une émulation, une société qui se crée. Octave Maus fait la connaissance d’artistes peintres. Très tôt il rencontre Fernand Knopf et Théo Van Rysselberghe. Et grâce à ses relations, il va permettre à Anna Boch de découvrir d’autres peintres, d’évoluer et de sortir un peu de ses tons gris que lui avait enseigné Verheyden. Nous sommes au milieu de l’année 1885. Les membres du groupe artistique d’avant-garde Les XX, créé deux ans plus tôt à Bruxelles, ont décidé d’élire de nouveaux candidats. Il s’agit de remplacer deux des membres fondateurs, Frans Simons, démissionnaire car certaines de ses toiles ont été refusées par le Salon organisé par le groupe, et Théodore Verstraete, trop épris d’indépendance. Les XX choisissent Félicien Rops et Anna Boch. Elle reste la seule femme membre de ce cercle et aussi de «La Libre esthétique» qui lui succède. Mais elle ne se contente pas d’y faire figuration. Elle est considérée par ses confrères sur un pied d’égalité. Anna Boch veut faire carrière, à l’instar d’une autre artiste belge de la même époque, Marguerite Van de Wiele, autrice aujourd’hui bien oubliée. Van de Wiele qui, dans son roman Fleurs de civilisation » mettant en scène une jeune artiste bruxelloise, écrit : « (…) la femme de talent (…) est un être fâcheux, plus phénoménal encore que l’homme-artiste, car, déformée comme lui dans son existence normale, elle l’est jusque dans le rôle que notre société assigne aux individus de son sexe et, à en jouer un autre, elle perdra bientôt physiquement et moralement tout ce qui constitue la particularité féminine ; les amazones n’auraient pu être ni épouses, ni mères. C’est ce qui arrive fatalement pour nos modernes femmes peintres, statuaires, musiciennes, écrivaines … ». Alors, comment Anna Boch, artiste et mécène, s’est-elle débrouillée pour exister ? Elle va exposer dans les salons que le cercle organise. Mais elle avait déjà montré sa peinture. Il y a ce qu’on appelle les salons, qui existent en France et en Belgique, où l’on expose les toiles. Et même s’il faut être sélectionné, il n’y a pas, comme on va le trouver avec les XX et « la Libre esthétique », cette notion d’excellence, cette notion aussi d’avant-garde, d’où l’importance d’Octave Maus et des XX à l’époque. Ça va de Fernand Knopff à Théo Van Rysselberghe, à Lemmen, donc tous ceux qui vont faire évoluer la peinture. Et ce sont eux qui décident qui pourra venir exposer, qui ils vont inviter. C’est grâce à ce cercle que l’avant-garde internationale va venir exposer à Bruxelles, et c’est là que réside la différence avec les salons où exposait Anna Boch avec d’autres artistes, des artistes belges locaux et qui n’avaient pas forcément une patte particulière. Tout le monde pouvait exposer. (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |
Anna Boch et le néo-impressionnisme
En 1887, la découverte de l’œuvre pointilliste de Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l’Île de la Grande Jatte, exposée aux XX à Bruxelles, bouleverse Anna Boch. Mais très vite, elle dépasse ce style basé sur la division scientifique des teintes en petites touches de couleurs pures et complémentaires. Son pinceau reste plus spontané et intuitif, marquant la toile de virgules. Lorsque Seurat meurt inopinément en 1891, les artistes du XX lui rendent un hommage posthume. Elle saisit l’occasion pour acquérir le tableau Bords de la Seine à l’Île de la Grande Jatte. En 1892, Van Rysselberghe réalise un portrait pointilliste d’Anna Boch, preuve supplémentaire de son engagement dans ce style. Et pour compléter cet ensemble cohérent de sa collection, Anna Boch achète en 1907 Saint-Tropez. La Calanque de Paul Signac, une œuvre majeure de l’autre chef de file du mouvement néo-impressionniste. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
| Son collègue-peintre Théo Van Rysselberghe a écrit un jour à son ami Eugène Boch, le frère d’Anna, à propos d’Anna : « Dis moi, mon vieux – entre nous – est-elle hantée aussi par cette sacrée lumière ? Moi ça m’empêche de dormir (…). » Lettre d’octobre 1887 (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |

Théo Van Rysselberghe, Anna Boch dans son atelier, 1892 © humanitelles












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Anna Boch. La voyageuse
Anna Boch est une fervente voyageuse, à l’image des membres de sa famille pour qui le voyage fait partie de la vie. Très tôt, elle découvre le Midi et la Suisse. Munie de ses pinceaux, mais aussi de son appareil photographique, elle se rend à maintes reprises en Italie, le pays incontournable du « Grand Tour ». S’ensuivent des voyages en Grèce, en Sicile, en Algérie, en Espagne, en France et de nombreux déplacements avec son frère Eugène. Ses voyages l’emmènent également aux Pays-Bas, à la côte belge ou dans le Brabant wallon, toujours avec l’idée de peindre, d’aller dans de petits hôtels, de bouger, d’évoluer… Femme moderne, elle s’offre même une Minerva en 1907, une automobile de marque belge, pour faciliter ses déplacements et planter son chevalet là où bon lui semble. Le mouvement, le voyage comme une allégorie de la vie. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
| Ces voyages vont être très profitables à Anna Boch dans sa pratique de la peinture souligne Valérie Devillez. Le XIXème siècle est connu pour ces familles qui font ce qu’on appelle « Le Grand Tour » à une époque où le tourisme n’était pas de masse. Et ce sont des familles, surtout chez les Boch qui vivent assez simplement, qui vont dans des petits hôtels, des petites auberges. Cette pratique familiale se retrouve aussi chez le frère d’Anna Boch, Eugène. Un peu plus jeune qu’Anna, elle l’a un peu initié à la peinture. Dès leur prime jeunesse – avec leur père qui dessinait aussi – ils ont développé cet amour du voyage et des paysages et déjà un peu du pleinarisme, au travers de ces traditions familiales. (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |

Anna Boch à bord de sa voiture Minerva, accompagnée de son frère Eugène, de sa dame de compagnie Laure van Haelewijn et du chauffeur Albert Lepreux lors d’un séjour dans le Midi, vers 1908 © humanitelles



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Paysage méditerranéen avec tour sarrasine, 1910-1911
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Depuis leur jeunesse, Anna et Eugène Boch peignent lors de leurs nombreux voyages qui les emmènent, en Espagne et au Maroc (1878-1879), en Italie (1881), en Bretagne (1901), en Normandie (1903) et dans la Loire (1904). Le plus souvent accompagnés d’Albert Lepreux, le chauffeur d’Eugène Boch, qui se met aussi à la peinture, ils partagent leurs recherches artistiques, comme l’illustrent ces tableaux réalisés côte à côte dans le Midi de la France. Par le biais d’amas de couleurs, la sœur compose des formes schématiques, tandis que le frère utilise davantage la touche picturale pour rendre les détails de la composition. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)





Étude d’arbre. Verger. L’arrière-pays, 1910
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Anna et Eugène Boch en Bretagne
Dès 1901, Anna Boch et son frère Eugène découvrent le sud de la Bretagne : le 1er mai, ils sont à Châteaubriant puis partent pour Bénodet et Quimper. Elle en rapporte une série de dessins et cinq toiles toutes intitulées Côte de Bretagne sauf une : L’Odet à marée basse. Leurs dimensions exceptionnelles témoignent de l’importance de cette série. L’écrivain Alfred Jarry affirme d’ailleurs que « Mademoiselle Anna Boch rend avec sûreté l’émotion des côtes de Bretagne. » Du 1er juillet au 5 août 1912, ils y retournent avec leur chauffeur et explorent le centre et le nord de la région : Dinan, Saint-Brieuc, Guingamp, Lannion, Trégastel, Perros-Guirec, Ploumanac’h, Tréguier, Morlaix, Roscoff jusqu’à Carhaix. Ses toiles diffèrent de celles de son premier séjour par leur sujet et leur cadrage resserré, comme en atteste Chaumière en Bretagne et deux versions d’un même Torrent. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)






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Les lieux de vie d’Anna Boch
L’œil attentif avec lequel Anna Boch saisit la réalité et construit sa collection se ressent aussi dans les intérieurs dans lesquels elle vit. Elle grandit dans le vaste château de La Closière et son jardin anglais, situé à côté de l’usine de céramique familiale, près de la Louvière (Belgique). Elle décore avec soin et minutie ses résidences secondaires de Middelkerke, au bord de la mer du Nord et d’Ohain près de Bruxelles. En 1895, elle confie à Victor Horta le soin d’aménager sa maison de l’avenue de la Toison d’Or à Saint-Gilles (quartier bruxellois) dans le style Art nouveau. Au bout de six ans à peine, elle fait transférer l’intérieur, y compris la cheminée, dans une nouvelle maison à Ixelles (banlieue de Bruxelles) où elle intègre un orgue ; Ses maisons font la part belle à sa collection et ses propres œuvres, que l’on peut admirer lors de nombreux concerts qu’organise une Anna Boch également chanteuse et virtuose du piano, de l’alto et de l’orgue. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)







La maison à Ixelles (banlieue de Bruxelles)
Projet de vitraux pour double porte, vers 1895 © humanitelles
| Peintre, collectionneuse, Anna Boch était aussi très active dans le monde de la musique. Dans son livre de souvenirs, Madeleine Maus raconte qu’en 1891, afin d’avoir à sa disposition un ensemble vocal travaillant spécialement en vue de ces concerts, Octave Maus avait réuni une vingtaine de dames et de jeunes filles qui se retrouvaient chaque mercredi soir dans le salon d’Anna Boch, violoniste, organiste et pianiste presque autant que peintre, et vraiment, conclut Madeleine Maus, « c’est une floraison drue et extraordinairement embaumée. » C’est ici le salon où l’on aime faire de la bonne musique. Après une audition des dernières œuvres vocales du compositeur belge Raymond Moulaert, une cantatrice note : « Je garderai, et de l’hôtesse si artiste et de cette maison temple d’art, le plus ému des souvenirs ». Au temps d’Anna Boch où existe la tradition des salons littéraires mais aussi des salons musicaux, la musique évolue. Elle devient plus intimiste, c’est une musique de chambre. Et des grands musiciens de l’époque, comme Claude Debussy, Vincent d’Indy ou d’autres, vont pouvoir faire découvrir leur musique chez des particuliers, parce qu’il y a effectivement cette intimité dont ils ont besoin et aussi un public qui comprend mieux cette musique. C’est seulement après que des salles adéquates pour ce genre de musique vont être créées. C’est un véritable village d’artistes qu’Anna Boch réunit dans sa maison de Bruxelles à Ixelles, rue de l’Abbaye. Ce village reste un entre soi. En effet, la chorale des XX donne ces récitals pendant les expositions du groupe. (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |

Bouquet de fleurs au Bénédicité, 1908-1910 © humanitelles
Anna Boch a toujours adoré la nature et les jardins. A la fin de sa vie, elle crée des décors floraux et des natures mortes qui lui permettent de travailler sans devoir se déplacer, elle qui trouve qu’il y a tant à observer dans le moindre petit objet ». Toute sa carrière est jalonnée de représentations de coquelicots, de pivoines… aussi bien en extérieur qu’en intérieur, souvent agrémentées de céramiques, parfois d’œuvres de sa collection. Traditionnellement, au XIXème siècle, bon nombre d’artistes femmes sont condamnées aux natures mortes florales comme seul genre domestique accessible, alors que pour Anna Boch, elles constituent une gamme de sujets riche et variée. Avec le temps, les bouquets des années 1880 aux couleurs et aux touches divisionnistes céderont la place à des compositions aux larges touches généreuses. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

Sous la pergola à Ohain, 1912 © humanitelles
Anna et Eugène Boch, une fratrie collectionneuse
Anna Boch s’intéresse très tôt aux artistes de l’école de Pont-Aven, et en 1889, elle achète la toile Conversation en Bretagne exécutée par Paul Gauguin à Pont-Aven en 1888, qui est alors exposée aux XX. Son frère Eugène (1855-1941), qui est très proche d’Émile Bernard, acquiert à son tour un lot d’œuvres de Gauguin l’année suivante. En 1888, il rencontre Vincent van Gogh qui réalise aussitôt son portrait, se disant impressionné car il a « une sœur dans les vingtistes ». En 1890, le salon des XX l’invite à exposer à Bruxelles. Anna Boch découvre enfin son travail et achète l’une des rares œuvres vendues par Van Gogh de son vivant, La Vigne rouge à Montmajour (conservée au musée Pouchkine, Moscou) : J’ai offert 400 francs pour le tableau, cela fera bien dans un coin de salon ». En revanche, Anna Boch garde ses distances avec le travail de Maurice Denis dont son frère est pourtant un collectionneur avisé. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
| Anna Boch va promouvoir beaucoup de jeunes artistes et croire en un certain Vincent van Gogh. « Un mini séisme secoue le monde intellectuel et artistique de Bruxelles. Le groupe des XX invite Vincent van Gogh à participer à sa septième exposition annuelle. Le jeune peintre symboliste, Henri de Groux, membre des XX, refuse de voir ses œuvres côtoyer l’exécrable « Pot de soleil » de Monsieur Vincent ou de tout autre agent provocateur. Parmi les autres membres, il y a une jeune femme – elle a alors 42 ans – qui, non seulement, maintient sa participation acceptant donc de côtoyer le « Pot de soleil » – elle expose quatre toiles – mais encore achète une des œuvres du peintre hollandais ». (Extrait de l’émission de Christian Huart, RTBF, 1992) Le neveu d’Anna Boch témoigne : « J’ai toujours la lettre qu’elle écrit à son frère Eugène datée de février 1890. Elle la termine en disant : « J’ai offert 400 francs pour le tableau « Les vendangeurs » de Van Gogh. On l’a déjà marqué « Vendu ». Cela fera bien dans un coin de salon ». Anna Boch est une animatrice de la vie artistique belge de la moitié du XIXème siècle et du début du XXème. Collectionneuse et mécène, elle réunit chez elles artistes et critiques. On peut la définir comme une sorte de salonnière à l’exemple du XVIIIème siècle. Anna Boch, son cousin Octave Maus et tous les artistes forment véritablement un groupe d’amis. Ce sont aussi des mélomanes. Ils se réunissent surtout pour faire des concerts. Dans le cadre de ces derniers, le grand salon musical qu’Anna Boch a aménagé dans sa maison va accueillir près de quatre-vingts personnes. Il était courant de profiter de ces moments pour voir les œuvres de sa collection. La particularité de celle-ci, comme beaucoup des collections de ses amis de l’époque, est qu’elle ne réunit que de l’art vivant, que des artistes vivants, que des gens qu’elle côtoie ou des artistes qu’elle découvre lors des expositions des XX. C’est très important par rapport à sa personnalité. Ça montre à quel point elle est vraiment une femme ancrée dans son époque, qui veut vivre dans le présent, dans le futur, avoir des projets. C’est un élément qui permet de comprendre sa force de caractère. On pourrait penser qu’un brin de provocation émane de cette démarche. En effet, les membres des XX, plus tard de la Libre Esthétique, sont jugés sulfureux par la grande bourgeoisie dont Anna Boch est issue. Mais selon Virginie Devillez, coexistent plusieurs types de haute-bourgeoisie. Certes, il y a des bourgeoisies plus traditionnelles, plus catholiques. Mais Anna Boch appartient à un groupe de personnes qui tient salon à Bruxelles, qui se côtoie, qui va à l’opéra, qui voyage ensemble. Il n’y a donc pas de pied de nez car ils se retrouvent entre eux. Et l’on peut faire le parallèle avec le monde de l’art contemporain où des groupes d’amis vivent entre eux et échangent sur les plans intellectuels et amicaux. Le groupe doit parfois prendre position dans des controverses. C’est le cas en 1886. Anna Boch achète un tableau de James Ensor La musique russe qui fait polémique au sein de l’avant-garde plutôt que dans la presse. James Ensor a exposé ce tableau quelques années plus tôt en même temps que celui de Fernand Knopff En écoutant Schumann. Ces deux tableaux représentent des personnes écoutant de la musique jouée au piano et d’où émane ce même côté tranquille. Ensor en veut beaucoup à Knopff car il pense qu’il l’a copié. Sauf que la touche de Knopff est plus symboliste, plus mystérieuse. Ensor travaille au couteau avec une touche pré-impressionniste. En achetant le tableau de James Ensor, Anna Boch choisit son camp. Ancrée dans le réel, elle n’adhère pas à ce qui est plutôt symboliste. Il y a d’autres exemples dans sa collection reflétant ce choix. Quand on lit sa correspondance, on s’aperçoit que c’est une femme très drôle, qui a beaucoup d’humour, qui est très cash. On l’a entendu dans la citation : « Ça fera bien dans le coin de mon salon ». La peinture vers laquelle elle va naturellement est une peinture de couleur ancrée dans le quotidien. Comme toutes les œuvres qu’elle a achetées, ce tableau d’Ensor est assez important. En effet, n’ayant pas accès à l’Académie, à des cours, elle achète des tableaux qu’elle aime et qui font évoluer sa propre peinture. En 1887, elle éprouve un grand choc devant le tableau Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte de Georges Seurat. Ce tableau est en quelque sorte le manifeste du pointillisme/divisionnisme. Les peintres adepte du mouvement quitte l’impressionnisme. Leur approche est plus scientifique. Ils ont lu beaucoup de traités de la couleur. Ils peignent par touches de petits points qu’ils juxtaposent et, par l’intermédiaire du travail de la rétine, les couleurs se mélangent. A Bruxelles, le choc est grand. La presse ne comprend pas. On traite ces artistes de « confettistes ». Ce terme permet de mieux comprendre ce qu’est le divisionnisme. Anna Boch avec Théo Van Rysselberghe, Willy Finch, Lemmen et quelques autres artistes prennent parti pour ce nouveau courant artistique. James Ensor est de nouveau très fâché car il ne comprend pas cette peinture. L’œuvre d’Anna Boch va évoluer grâce à celle-ci : la lumière et la couleur deviennent omniprésentes. Elle va beaucoup s’intéresser à Gauguin qu’elle fait exposer au Salon des XX. Son frère Eugène Boch joue un rôle important dans la construction de sa collection, mais aussi par rapport aux XX et aux artistes qu’ils vont montrer. Eugène Boch quitte la Belgique au début des années 1880. Il va tout d’abord dans le Sud de la France. Il devient ami avec van Gogh qui réalise son portrait, et c’est lui qui joue un peu ce rôle de passeur car il rencontre Paul Gauguin. A Paris il fait la connaissance d’Émile Bernard. Il approche tous les acteurs de ce qui deviendra l’École de Pont-Aven. Il rencontre aussi Toulouse-Lautrec. On sent dans sa correspondance qu’Eugène Boch fait comprendre à sa sœur que ce sont des artistes importants que l’on va retrouver ensuite à Bruxelles. La famille Boch va se révéler essentielle pour tous ces artistes, notamment Émile Bernard, qui cherchent à se faire acheter et qui négocient très âprement les prix. Émile Bernard est aux abois. Eugène et Anna Boch viennent d’une famille prospère. Ce sont des mécènes qui aident les artistes, mais ils doivent se protéger de leurs élans sinon ils seraient sollicité.e.s en permanence. Anna Boch est aussi rentrée dans l’histoire de l’art car elle acheté le seul tableau que Van Gogh a vendu de son vivant. La rencontre d’Eugène Boch et Vincent van Gogh a déjà été évoquée, mais pas celle d’Octave Maus avec Théo van Gogh, le frère du peintre, un grand marchand d’art. Théo et Vincent van Gogh sont extrêmement proches et ils sont célèbres pour leur correspondance d’une incroyable richesse. Théo est en quelque sorte l’agent de son frère. Vincent van Gogh réalise le portrait d’Eugène Boch. Il est fasciné par Eugène mais aussi par Anna Boch. Il en parle très vite dans sa correspondance. A un moment il dit même : « Anna Boch va aller en voyage aux Pays-Bas. Ça serait formidable qu’elle rencontre notre mère, notre sœur. » Très proche de son frère, il imagine qu’Eugène Boch aurait épousé sa sœur. Le duo Eugène/Anna le fascine et il est vrai qu’Eugène Boch rencontre Théo van Gogh à Paris. Il envoie Octave Maus qui va aller voir les toiles de Vincent chez Théo van Gogh, et c’est ainsi que Vincent van Gogh va être invité à exposer à Bruxelles. Il y est très mal reçu. Il n’a jamais vraiment exposé, à part au café Volpini avec Gauguin qui est plus un tenancier de café qui avait envie de montrer des artistes. Personne ne comprend sa peinture. A l’époque, c’est une peinture très particulière apparaissant très brutale. Il peint comme personne et il est donc considéré comme un outsider. Pour lui, être invité à exposer aux XX, c’est quelque chose d’extraordinaire. Il n’a jamais été invité à exposer dans un salon aussi prestigieux, coopté par d’autres artistes qu’il admire. Et l’exposition fait effectivement scandale. Rappelons-nous qu’Henri de Groux refuse d’être exposé à côté de ce qu’il appelle « les pots de fleurs de ce Monsieur Vincent ». Dans des vieux catalogues des critiques d’art du XXème siècle figure l’annotation « Monstrueux » à côté des toiles de Van Gogh. Anna Boch, qui voit l’exposition, achète Les vignes rouges, un des Van Gogh les plus emblématiques qui soit au monde. Il est conservé au musée Pouchkine. Elle est sans doute fascinée par cette couleur, par cette liberté. C’est un acte important de soutien à cet artiste tellement décrié d’avoir franchi ce pas. Et pourtant c’est l’un des tableaux dont Anna Boch va se séparer. Il y a plusieurs raisons à cela. La famille Van Gogh a offert à Eugène Boch son portrait, portrait que Vincent avait réalisé en 1888 et qu’il avait également intitulé le Poète ou le Peintre aux étoiles. Par ailleurs, Anna a acheté un deuxième tableau du peintre, après le décès de celui-ci, auprès du Père Tanguy, grand marchand de couleurs et ami de Vincent : Plaine de la Crau avec pêchers en fleurs. Certaines personnes ont dit qu’elle s’était sentie un petit peu écrasée par la Vigne rouge, peinture fort omniprésente. Soulignons que Van Gogh va obtenir après son décès et celui de son frère un succès fulgurant, et ce grâce à la veuve de Théo qui effectue un travail critique de tout le patrimoine. La cote de Van Gogh est déjà extrêmement élevée au début du XXème siècle, et la vente des deux tableaux du peintre présents dans la collection d’Anna Boch est pour elle l’occasion de faire une bonne affaire. Avec le produit de ces ventes elle acquiert un Signac. Une bonne collectionneuse réfléchit à comment elle construit sa collection. Elle se rend peut-être compte que Van Gogh n’a pas sa place dans ce qu’elle veut avoir autour d’elle, et que Signac est un artiste qui lui manque, un artiste pointilliste comme Seurat. La cote de Signac est, elle aussi, déjà assez élevée. Une envie de renouveler son accrochage ? De faire une bonne affaire ? Elle écrit à Eugène Boch une lettre assez drôle : « 25 000 balles pour la vente de ton Van Gogh, c’est assez extraordinaire ». Ce sont des prix incroyables pour l’époque. (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |

Maurice Denis, Projet de décor pour le hall d’entrée de la maison d’Anna Boch, sans date © humanitelles
En octobre 1903, Anna Boch visite l’église Sainte-Marguerite du Vésinet, près de Paris, en compagnie de Maurice Denis qui vient de la décorer. Dès lors, elle envisage de lui confier le hall d’entrée de sa nouvelle maison de la rue de l’Abbaye à Ixelles, conçue par l’architecte Paul Hermanus. Très vite, elle hésite, rejetant la faute sur son architecte qui ne souhaite pas de peinture murale. Elle tente ensuite de simplifier le caractère antiquisant du projet, arguant de raisons budgétaires. Le projet sera finalement abandonné, sans doute aussi parce qu’il regorgeait d’allégories tendant vers le symbolisme, ce qui ne répond nullement au penchant naturel d’Anna Boch. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
Émile Bernard, Portrait d’Eugène Boch, janvier 1891
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Dès la fin 1879, Eugène Boch s’installe à Paris où il fréquente les ateliers de Léon Bonnat et Fernand Cormon. Il y rencontre Émile Bernard, Toulouse-Lautrec, Louis Anquetin et Henri Rachou. De cette période date une grande amitié entre Eugène et Émile. C’est dans la solitude de Couilly, petit village de Seine-et-Marne où vécut un temps Eugène Boch, que Bernard voulut concrétiser – avec ce dernier et Maurice Denis notamment – son projet de création de la Société des « Anonymes ». Boch possédait dans sa demeure de Monthyon plusieurs cartons, pastels, dessins et toiles d’Émile Bernard dont ce portrait dédicacé « A mon ami Eugène Boch », qui a probablement été peint en janvier 1891 à Paris. Par la mise en situation pré-cubiste du modèle dans l’espace de la chambre et la manière synthétique, il est caractéristique des œuvres de Bernard de cette période. La collection d’Eugène Boch fit également la part belle aux œuvres de Paul Sérusier, Paul Gauguin, Maurice Denis, Albert Marquet et Vincent van Gogh parmi d’autres. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)



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Anna Boch. Vie et lumière
En 1904, Anna Boch rejoint « Vie et Lumière », un groupe de peintres luministes belges qui souhaite exposer sans devoir tenir compte des jurys officiels. Composé, entre autres, d’Émilie Claus, Georges Morren, Jenny Montigny et Anna de Weert, « Vie et Lumière » poursuit une tradition réaliste dans le sillage des enseignements de l’impressionnisme. Durant cette période, Anna Boch développe une peinture faite d’abord de touches brèves et nerveuses, puis de larges et généreux coups de pinceau. Vers la même époque se tient sa première exposition individuelle à Paris, en 1908 à la Galerie Druet, puis à Munich en 1909. Anna Boch, qui aime la vie au grand air, continue de peindre avec plaisir des scènes bucoliques. Lors d’un séjour aux Pays-Bas, au milieu des marais et des roseaux qui s’étendent à perte de vue, elle envisage même de louer une cabane pour vivre avec son matériel dans son monde idéal. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)








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Paysan au champ, 1905-1910 © humanitelles
Anna Boch peint fréquemment des maisons humbles, des fermes et des granges, sans pour autant jamais donner une impression de misère. L’abondance de fleurs, des personnes au travail, des poules qui picorent, des oies, contribue à donner de la couleur et de l’animation aux scènes représentées. Ses tableaux et dessins montrent aussi des femmes au repos ou accomplissant leurs tâches. Une grande simplicité sublime les gestes quotidiens des travailleuses qu’elle a sans doute fréquentées dans sa jeunesse chez Boch Frères. A son décès, elle laissera des sommes importantes à des œuvres dédiées aux femmes, tout comme l’association La Retraite des Artistes qui subvient aux besoins d’artistes âgé.es. (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)
Anna Boch. Une jeunesse sans fin
Anna Boch adhère en 1892 à la Ligue belge du droit des femmes. En 1927, elle regrette que le Salon officiel d’art belge à Paris « n’ait pas fait l’honneur aux peintresses. » Sa collection compte plus d’une dizaine d’œuvres de femmes dont ceux de Lucie Couturier, une élève de Signac qui a également beaucoup voyagé et exposé à la Libre Esthétique. Âgée de 81 ans, Anna Boch écrit : « Il faut rester dans le train pour garder sa jeunesse ». Et en effet, toute sa vie elle se sera lancée dans de multiples projets : les salons musicaux, la photographie, les voyages, le soutien aux artistes… Dans les années 1930, elle rédige un livre de souvenirs sur sa mère, organise le legs de sa collection et déclare, non sans humour : Je n’ai pas envie de mourir, mais cela ne peut nuire à ma santé, je pense . » (Source : Anna Boch. Un voyage impressionniste, Exposition au musée de Pont-Aven, du 3 février au 26 mai 2024)

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| Anna Boch va peindre tout au long de sa vie, même si par moment elle dit qu’elle a besoin de laisser ses pinceaux de côté pour faire du violon. Mais elle doit peindre parce qu’elle sait que c’est un travail, elle le dit. Elle voyage beaucoup aussi, mais elle peint également quand elle voyage. Ses pérégrinations sont un moteur essentiel pour renouveler ses sujets. Elle rêve même, dans ses périples, de s’installer, de louer des espaces pour rester vraiment très longtemps, et elle peint jusqu’à la fin de sa vie même si c’est plus difficile pour elle. Elle est fort diminuée mais elle continue de composer des bouquets. Elle prend des objets qu’elle a chez elle, car elle veut absolument continuer de peindre parce que c’est vraiment quelque chose qui est essentiel. Pour elle, il ne faut pas s’arrêter, il faut toujours continuer de voyager, de faire, d’organiser des choses. Même quand elle est moins connue dans les années vingt, elle organise des expositions avec d’autres artistes dans sa très belle maison rue de l’Abbaye. Et quand elle voyage moins, elle se rend plutôt en Belgique, cherche des petites auberges dans les Ardennes où elle va s’installer, continuer de peindre. Elle a même une maison de campagne où elle peut installer son chevalet. Donc c’est vraiment une constance. Elle sera reconnue à son époque et couverte d’honneurs, décorée à l’instar d’autres artistes. Elle est exposée à la galerie Druet à Paris, galerie qui a aussi exposé son frère Eugène. Druet est un galeriste et un marchand dont Anna Boch est très proche, et ces liens amicaux ont joué un rôle dans l’organisation de l’exposition. Une autre a lieu à Munich vers la même époque. Il était fréquent que les artistes belges exposent à l’international car ils avaient un réseau, mais la notoriété est principalement belge. Le tableau En juin a été acheté par l’État belge dès qu’il a été exposé début 1890. Il en est de même pour Côte de Bretagne aujourd’hui exposé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. La reconnaissance d’Anna Boch est surtout belge mais elle a eu lieu de son vivant. Anna Boch est une une femme qui veut faire carrière, c’est une femme de son temps. Elle a conscience de la place des femmes. Dans ses peintures elle cherche vraiment à les représenter travaillant, ainsi que les hommes d’ailleurs. Ceci témoigne d’une conscience sociale très importante dans son œuvre. Elle a grandi à La Louvière, à l’usine Boch et ce sont les femmes qui sont les rénovatrices de la céramique. Elle côtoie donc très tôt des ouvrières, d’où la présence dans ses tableaux de femmes de pêcheurs, de femmes à la ferme. Par ailleurs, elle est la seule femme intégrée au Cercle des XX et de La Libre Esthétique. C’est plutôt une femme d’action et on ne trouve guère de commentaires féministes. Cependant, elle adhère très tôt, au début des années 1890, à la Ligue de défense des droits de la femme. Elle est très proche de Marie Delcourt, l’une des premières femmes médecin en Belgique, féministe d’avant-garde. Elles voyagent beaucoup ensemble. Elle veille aussi à acheter des œuvres d’artistes femmes, dont Lucie Couturier qui était une peintre post-impressionniste française. Et dans les années vingt, on retrouve une remarque dans sa correspondance où elle se plaint que l’administration des Beaux-Arts n’exposait que des hommes apparus dans la grande rétrospective de l’art belge. (Source : Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes / Un Jour dans l’Histoire. La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023, 38′ Invitée : Virginie Devillez, docteure en histoire de l’Université libre de Bruxelles) |
En savoir plus
Anna Boch
Wikipedia
Anna Boch
Dictionnaire de la peinture, Larousse
Anna Boch
femmespeintres.be
Anna Boch
Marie Gispert. Sous la direction de : Marie-Laure Bernadac
Le Dictionnaire universel des Créatrices (Abonné.e.s)
Anna Boch à Ohain vers 1900
Jacques Bourgeois
SOURCES : Anna Boch .com, Jacques Boulanger- Français, Stéphane Rey, Thérèse Thomas, Cécile Dulière, Michelle Lenglez, Pierre Duroisin, Gaëtane Warzée – Informations rassemblées par Jacques Bourgeois
La belle histoire d’Anna Boch passe par la Bretagne
Artactif, juin 2024
Anna Boch, l’impressionniste oubliée ivre de liberté et de peinture
Colin Lemoine
Connaissance des arts, 1er avril 2024 (Abonné.e.s)
La lumière d’Anna Boch à Pont-Aven
By une-vie-de-setter, 30 mars 2024
Exposition : à Pont-Aven, le voyage impressionniste de la peintre belge Anna Boch
Sophie Cachon
Télérama, 10 mars 2024
Exposition : «Anna Boch , un voyage impressionniste» au Musée de Pont-Aven
RFI, 25 février 2024
Exposition : Anna Boch, une impressionniste oubliée accoste à Pont-Aven
Eric Biétry-Rivierre
Le Figaro, 19 février 2024 (Abonné.e.s)
Audio. Quelle musique entendez-vous sur le tableau « Retour de
la pêche » ?
Allegretto, France Musique, 16 février 2024, 1h29
Audio. Il était une fois, Anna Boch
Nos femmes wallonnes, 27 février 2023, 28′
Exposition : Anna Boch, impressionniste et mécène
Sabine Gignoux
La Croix, 11 février 2024 (Abonné.e.s)
Audio. Anna Boch, artiste post impressionniste belge
Michelle Gaillard
Clin d’œil, Fréquence protestante, 9 février 2024, 14’17
Une impressionniste oubliée sort de l’ombre au musée de Pont-Aven
Guy Boyer
Connaissance des arts, 6 février 2024
Van Gogh s’invite à l’expo Anna Boch de Pont-Aven
Le Parisien, 2 février 2024
Un fabuleux voyage dans l’impressionnisme d’Anna Boch au musée de Pont-Aven
Odile Morain
Franceinfo, 30 janvier 2024
Anna Boch, peintre et collectionneuse belge
Elisabeth Santacreu
Le Journal des arts, 6 septembre 2023
Le roman d’Anna
Isabelle Manca-Kunert
Journal des arts, 4 septembre 2023 (Abonné.e.s)
Anna Boch, peintre et collectionneuse à Ostende
Harry Kampianne
La Gazette Drouot, 29 août 2023 (Abonné.e.s)
Audio. Anna Boch : peintre et mécène au temps des impressionnistes
Un Jour dans l’Histoire
La Première – Histoire, RTBF Auvio, 29 août 2023 [disponible jusqu’au 28 août 2024], 38′
La fabuleuse destinée d’Anna Boch
Jacqueline Wesselius
Vu du Nord – Jacqueline’s Blog, 3 août 2023
Qui était Anna Boch, celle qui a cru en Van Gogh avant tout le monde ?
Delphine Peresan-Roudil
Beaux-Arts, 2 août 2023
Ostende met en lumière l’impressionniste oubliée Anna Boch
Delphine Peresan-Roudil
Beaux-Arts, 18 juillet 2023 mis à jour le 22 décembre 2023
Anna Boch, grande dame de la peinture belge autour de 1900
Guy Duplat
La Libre, 8 juillet 2023 (Abonné.e.s)
Anna Boch – Un voyage impressionniste
Devillez Virginie
Hannibal Publishing, juin 2023, 256 p.
Anna Boch, néo-impressionniste et collectionneuse – OSTENDE (BE) – Mu-ZEE, jusqu’au 5 novembre 2023
Catherine Rigollet
L’Agora des arts, 2023
Ces Belges à (re) découvrir : Anna Boch
Rtbf actus, 16 avril 2022
Lumières d’Anna Boch
Textes et prétextes, 20 avril 2020
Anna Boch (Saint-Vaast (Belgique), 1848 – Ixelles, 1933)
Ministère de la culture, 1er juin 2018
La femme fin-de-siècle et la mode à travers la peinture belge. Les femmes artistes : l’exemple d’Anna Boch
Lyse Vancampenhoudt
Koregos, revue et encyclopédie multimedia des arts, 15 février 2017
Anna Boch, une femme peintre dans un univers masculin (1848-1936)
Thérèse Thomas
Les cahiers de Mariemont, 2008, n° 36, p. 29-34 – In numéro thématique : Mélanges
Anna Boch. 1 octobre -17 décembre 2000
[compte-rendu]
Marie-Cécile Bruwier
Les cahiers de Mariemont, 2005, n° 32-33, p. 116 – In numéro thématique : Céramique
Anna Boch : catalogue raisonné
Thérèse Thomas, Michelle Lenglez, Pierre Duroisin
Bruxelles : Éditions Racine, 2005, 343 p.
Anna Boch, 1848-1936 : exposition, Morlanwez, Musée royal de Mariemont, 1er octobre-17 décembre 2000
Thérèse Thomas, Cécile Dulière ; collab. Elisa de Jacquier de Rosée, Ludovic Recchia
Tournai : La Renaissance du Livre. Morlanwez : Musée royal de Mariemont, 2000, 159 p.
Hommage à Anna et Eugène Boch : exposition, Pontoise, Musée de Pontoise, 19 mars-3 juillet 1994
[Christophe Duvivier] ; Thérèse Thomas, André Bougard
Musée de Pontoise, 1994, 110 p.
Anna Boch und Eugène Boch, Werke aus den Anfängen der modernen Kunst : Ausstellung, Saarbrücken, Saarland-Museum, Moderne Galerie Saarbrücken, 6. Mai- 6. Juni 1971
[Th. Faider-Thomas] ; [Vorwort von L. von Boch-Galhau]
Saarbrücken : Saarland-Museum, 1971, 86 p.
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